Les canalisations de refoulement des SRE sont des éléments essentiels et indispensables au bon fonctionnement des installations. En cas de fuites et face à la nécessité absolue d’assurer la continuité de service des SRE dont le DPSM a la gestion, il faut parfois mobiliser d’importants moyens pour garantir cet objectif.
En novembre 2018, la découverte de fuites sur la canalisation de refoulement de la SRE Bernicourt à ROOST-WARENDIN (59) a conduit l’UTAM NORD à assurer, en maîtrise d’œuvre interne, la conduite de moyens exceptionnels pour satisfaire à ses obligations de gestionnaire pour le compte de l’Etat, des Installations Hydrauliques de Sécurité (IHS).
Très rapidement, l’extrême fragilité de tout un ensemble de canalisations a été constatée, due à une corrosion généralisée.
Les enjeux de ce dysfonctionnement portaient sur la possible inondation d’un vaste territoire urbanisé et la mise en péril des bâtis avoisinants en cas de rupture brutale d’un tronçon.
Face aux contraintes identifiées lors de la préparation du chantier (intervention en domaine privé ; terrain à tendance marécageuse ; présence de lignes électriques BT et MT dans les espaces d’évolution de la pelleteuse ; dimensions et poids importants des tronçons de canalisation; météorologie très changeante avec une pluviométrie parfois très forte ; délais de réparation très longs…), il a été mené une revue comparative des solutions présentant les réponses les plus pertinentes et offrant une maîtrise du risque optimale.
L’urgence face au risque de rupture totale des canalisations corrodées a conduit à imaginer et mettre en œuvre un dispositif provisoire de pompage permettant de court-circuiter la totalité de la zone à renouveler. Ce pompage a dû être positionné dans le chenal d’amenée et raccordé à environ 30 mètres en aval de la SRE.
Pour cela, 4 pompes, 1 groupe électrogène, 1 asservissement sur poires de niveaux, 1 service d’astreinte et 50 m de canalisations en PEHD DN400 ont été mis en œuvre pendant 2 mois afin de libérer la zone de travaux et pérenniser le pompage à hauteur d’un débit de pointe de 3900 m3/h.
Les opérations de réparation proprement dites ont été décomposées en plusieurs phases : approvisionnements des pièces en acier de DN 250 à DN 1000, préfabrication en atelier, calepinage des pièces sur le site, traitement par galvanisation à chaud et mise en œuvre in situ.
Ainsi, en février 2019, l’entreprise CLAISSE ENVIRONNEMENT, titulaire de ces travaux, a pu procéder à la remise en service définitive de la SRE Bernicourt après avoir renouvelé la nourrice DN 1000 et ses raccordements périphériques.
De cette expérience inédite, l’UTAM NORD tire les enseignements suivants :
- Les canalisations des SRE n’ont pas, ou très peu, fait l’objet d’opérations de renouvellement depuis leur pose dans les années 50 à 70. La corrosion de ces canalisations en acier est déjà bien réelle et le risque de fuite va s’accentuer dans les prochaines années.
- Les interventions sont rendues délicates par la nécessité de devoir arrêter la SRE totalement pour intervenir sur la canalisation car il n’existe pas d’équipement de secours comme pour les pompages. Le doublement du réseau, selon les cas, serait une option envisageable voire souhaitable.
- Avant de pouvoir intervenir, les délais de vidange de la canalisation sont souvent très longs et mobilisent du personnel, et ils retardent les opérations de réparation. De plus, cette durée de vidange impacte la montée des eaux à l’amont de la SRE arrêtée. La pose de vannes ou de dispositifs facilitant la vidange devraient être mis en œuvre lorsque les travaux le permettent.
- La nature des canalisations posées historiquement impose de disposer des informations permettant de très rapidement identifier les entreprises capables de réparer de tels réseaux. Certaines pièces de raccord ou de réparation n’étant disponibles que sur commande, les délais d’approvisionnement ou de création d’un stock-tampon minimal seraient à considérer.
En conclusion, les fuites sur les conduites de refoulement des SRE vont constituer une problématique croissante que le DPSM devra intégrer pleinement dans ses missions de surveillance (IHS), tant en termes de moyens à mobiliser pour les interventions que du délai disponible pour procéder aux opérations de réparation, souvent très court et dépendant de facteurs non maîtrisables (météorologie et surface du bassin versant, par exemple).