En procédant au comblement d’une partie de la mine des Camoins, au beau milieu d’un arrondissement de Marseille, le BRGM démontre une fois de plus son expertise dans la mise en sécurité d’ouvrages miniers. Avec, ici, quelques spécificités : un comblement à partir du fond, ce qui est rare, et des conditions d’environnement sensibles.
En service jusqu’en 1963, la mine de soufre des Camoins est une exploitation de petite taille qui s’étend sur deux hectares, à une trentaine de mètres de profondeur. Du fait de l’étalement urbain, elle s’est retrouvée au fil du temps au milieu du 11e arrondissement de Marseille. En 2008, elle avait d’ailleurs fait l’objet d’un premier comblement partiel pour sécuriser la voirie du domaine public. Puis en 2015, la DREAL Provence-Alpes-Côte-d’Azur a décidé de poursuivre la sécurisation en protégeant deux habitations menacées par des risques d’effondrement du sous-sol. La proximité des vides avec la surface, conjuguée à la nature instable des terrains marno-calcaires à passées gypseuses, présente en effet selon les experts de l’État en matière de diagnostic après-mine (Géodéris), des risques d’apparition en surface de cratères d’effondrement.
Un comblement sous le signe de la sécurité
Le chantier s’est déroulé sous la maitrise d’ouvrage déléguée du BRGM, durant le premier semestre 2016. Il témoigne bien des missions emblématiques du DPSM du BRGM, à savoir surveiller et, ici, mettre en sécurité des sites miniers à l’arrêt.
Ce comblement partiel de la mine a d’emblée présenté une particularité : la sécurité. Un élément central de l’organisation du fait de l’état de stabilité médiocre de certaines galeries, du travail en milieu confiné, du risque de gaz radioactif, des installations du chantier et de la présence du puits dans l’enceinte d’une l’école. L’absence d’incident est donc la première réussite de ces travaux.
Autre spécificité, le comblement a été entièrement réalisé à partir du fond, ce qui est rare puisque l’on pratique plus couramment des forages verticaux pour y injecter des coulis par le haut. Cette technique par le fond a été rendue nécessaire par la difficulté d’accès du chantier à partir de la surface, du fait de sa localisation urbaine.
Pour ajouter à la complexité du chantier, le BRGM a fait face à des contraintes environnementales inédites. En effet, en aval de la mine, des établissements hydrothermaux de soins utilisent une nappe d’eau chargée en soufre. Il y avait ainsi un enjeu supplémentaire en cas de contamination de cette nappe. Le sol de la zone à combler a donc été recouvert par un film étanche pour limiter les éventuelles pertes de coulis dans les fractures du rocher.
En outre, la présence de radon, un gaz radioactif présent dans ce type d’exploitation (des taux supérieurs à 1 500 becquerels/m3 ont été mesurés en 2015) a nécessité de mettre en place une ventilation forcée et un suivi dosimétrique pendant les travaux.
De plus, dans des galeries parfois instables et donc exposées sur de longues périodes, un soutènement spécifique a été mis en œuvre pour protéger les techniciens intervenant au fond de la mine.
Enfin, le cantonnement du chantier, ainsi que le puits d’accès, étaient situés dans l’enceinte d’un groupe scolaire pour élèves sourds et malentendants. À ce titre, il a fallu organiser de façon spécifique les approvisionnements de chantier et le pilotage des travaux, pour éliminer tout danger d’accident.
3 500 m3 de coulis
Concrètement, le chantier a consisté dans un premier temps à creuser un nouveau puits d’accès à la mine. L’ouvrage, de 25 mètres de profondeur par 2 mètres de diamètre, a été creusé dans le calcaire, avec un soutènement mis en place progressivement. À partir de ce puits, le comblement a ensuite été réalisé dans les zones à traiter, délimitées par des barrages, grâce à un coulis de ciment dit autoplaçant, fluide.
Il a fallu tout de même sept semaines d’injection pour mettre en place les 3 500 m3 de coulis élaboré sur site par la centrale de chantier.