L'ancien site minier d'Abbaretz se situe dans la région Pays-de-la-Loire, dans le département de la Loire-Atlantique, à 50 kilomètres au nord de Nantes et 80 kilomètres au sud de Rennes.
Un gisement connu de longue date
Le gisement d'étain de la région d'Abbaretz a fait l'objet d'exploitations très anciennes dont on retrouve des vestiges de l'époque gallo-romaine selon un axe orienté est-ouest sur plus de 6 kilomètres entre Nozay et Abbaretz.
Mise en sommeil quinze siècles durant, la mine d'étain d'Abbaretz entame une seconde vie en 1911, quand la Société Nantaise des minerais de l'Ouest (SNMO) entreprend des campagnes de recherches souterraines dans le secteur d'Abbaretz en fonçant plusieurs puits.
Le 12 août 1920, un décret attribue à la SNMO la concession de mines d'étain et de métaux connexes d'Abbaretz, établie sur une superficie de 9,38 km².
Parallèlement, la production s'enlise et la teneur en étain du minerai s'appauvrit : l'exploitation est stoppée en 1921 et les travaux noyés. La mine reste à l'abandon tout au long de l'entre-deux guerre.
Entre 1942 et 1944, plusieurs études de faisabilité mettent en évidence l'impossibilité matérielle et économique d'une exploitation en souterrain, mais concluent à la viabilité de l'exploitation à ciel ouvert du gisement dans sa partie altérée. En conséquence, l'exploitation à ciel ouvert du bloc Hector Petin sur le site du Bois Vert démarre en 1952. Pendant six ans (1952-1957), la mine emploiera jusqu'à 350 mineurs.
L'exploitation prendra fin en novembre 1957 après avoir extrait près de 4 millions de m3 de matériaux dont environ 1 750 000 m3 de stériles (mis en dépôt au niveau du terril dit conique) et 2 millions de m3 de minerai à partir desquels auront été produites 3 750 tonnes de concentrés de cassitérite (minerai d'étain) par traitement mécanique et environ 1,9 millions de m3 de résidus miniers (déposés dans des aires de décantation et sous forme d’un terril dit tabulaire).
Quarante ans plus tard, le 27 janvier 1997, la SNMO dépose un dossier de renonciation à la concession valant également Déclaration d'Arrêt Définitif des Travaux (DADT). La société est dissoute le 11 mars 2004, suite au décès de son dernier actionnaire, et l'Etat hérite de la concession devenue orpheline.
Un site minier étudié et mis en sécurité...
Risques géotechniques
Les exploitations minières laissent des traces qui peuvent avoir des conséquences en termes de risques géotechniques notamment.
Gestion des risques d’effondrement
Les mines en exploitant le sous-sol laissent des vides. Ceux-ci, s’ils ne sont pas stables, peuvent conduire à des effondrements plus ou moins localisés.
En 2010, la DREAL Pays-de-la-Loire a missionné le DPSM pour mettre en sécurité cinq puits sur l'ancienne concession d'Abbaretz.
Pour chacun de ces six puits, les travaux ont consisté en un comblement intégral par des blocs d'enrochement puis à une finition en terre végétale et une remise en état du site.
Ces travaux se sont déroulés du 17 au 28 octobre 2011.
En 2013, le DPSM a de nouveau été missionné par la DREAL Pays-de-la-Loire pour traiter un fontis (effondrement du sol brutal et localisé) survenu dans l'emprise de l'ancienne concession d'Abbaretz, au hameau du Bé sur la commune de Nozay.
Les travaux, réalisés en décembre 2013, ont consisté à élargir et approfondir le fontis afin de tenter d'observer un ouvrage minier, puis à bloquer l'entrée du fontis avec des enrochements et à remblayer la fouille.
En 2020, la DREAL Pays de la Loire a demandé l’intervention de l’UTAM Centre-Ouest à la suite de l’apparition d’un nouvel effondrement d’origine minière sur la commune de Nozay.
Les travaux, réalisés en octobre 2020, ont consisté à mettre en sécurité l’ancien puits de mine en le remblayant avec des blocs d'enrochement (36 tonnes) et une matrice de béton (22 m3) puis en le recouvrant avec de la terre, après vérification par excavation de l’absence d’ouvrage minier.
Gestion de l'érosion
Les mines, suite à leur exploitation, peuvent laisser des zones nues qui sont sensibles à l’érosion.
Ainsi, le site du Bois Vert présente une érosion très importante notamment due aux fortes pentes des dépôts de stériles et résidus miniers. Cette érosion a engendré des ravines qui présentent un risque d’éboulement important notamment en période humide.
La pratique du BMX, moto et VTT sur le site a accéléré le phénomène en créant des rigoles canalisant les eaux et favorisant leur action érosive et en limitant la végétalisation qui permettrait de stabiliser les résidus. |
L’érosion est surveillée par des mesures réalisées à pied sur site et par la réalisation de levés topographiques par drone qui permettent d’évaluer les volumes érodés.
Pour limiter l’export des résidus miniers par érosion hors du site, des travaux sont régulièrement réalisés.
Ainsi des talus végétalisés ont été mis en place en 2019 et 2021 pour collecter les particules issues de l’érosion et protéger le chemin de randonnée.
En 2022, la DREAL Pays-de-la-Loire a missionné le DPSM pour la gestion de l’érosion à l’échelle du site.
Des travaux à venir vont permettre de fixer les résidus de manière plus efficace aux pieds des ravines par la pose d’enrochements. Ces derniers, en diminuant la vitesse de l’eau, vont favoriser la sédimentation sur site.
Il est aussi prévu de curer la lagune située au nord-est du site qui est arrivée à saturation après plus de 60 ans d’érosion active au niveau du site.
En plus de ces mesures curatives, de court terme, des mesures préventives de long terme sont aussi étudiées.
La forte érosion observée sur site est liée à la nature des matériaux (granulométrie très fine) mais aussi au fait que le site est toujours largement dépourvu de végétation. Or les sites disposant d’une bonne couverture végétale sont en général peu soumis aux transferts érosifs, aussi le DPSM étudie les aspects techniques et opérationnels à la mise en œuvre de mesures de gestion de l’érosion faisant appel à la phytostabilisation.
Après des essais à petite échelle (en pot) en 2019, deux parcelles expérimentales de 100 m2 ont été réalisées en 2020. Après 2 années, ces essais montrent que la mise en place d’un couvert végétal est possible sur le site.
Il est donc prévu de végétaliser prochainement une partie du site particulièrement sensible et sur laquelle l’érosion conduit à un export hors site des résidus miniers.
Risques environnementaux et sanitaires
Parallèlement aux travaux de sécurisation des désordres géotechniques, le DPSM mène depuis 2010 des études environnementales sur le site d'Abbaretz.
Risques sanitaires
L’étude préliminaire a en effet montré divers risques pour les usagers de ce site né de l’ancienne exploitation d’un gisement étain : notamment le risque d’inhalation de poussières lourdement chargées en métaux (arsenic notamment) et la présence d’eaux très acides.
... et reconverti en zone de loisirs sécurisée
De l'ancienne mine d'Abbaretz subsistent d'importants vestiges paysagers partiellement reconvertis en zone de loisirs : un plan d'eau dédié à la pratique du ski nautique occupe l'ancienne mine à ciel ouvert et le terril conique, point culminant à altitude de 113 m, est devenu un lieu de promenade. Ces vestiges sont devenus les symboles de la commune d'Abbaretz qui en a fait son logo. Un chemin de randonnée a également été aménagé autour du site.
Une interdiction d’accès à une partie du site a été prise en 2019 en application du principe de précaution à la suite d'une étude réalisée pour le compte de l’État (DREAL Pays de la Loire) qui a montré une non-compatibilité du site du Bois Vert à Abbaretz (Loire-Atlantique) avec les usages connus (promenade à pied, à cheval, à vélo, parcours de BMX…). Les conclusions de cette étude ont fait l’objet d’une restitution publique début 2019.
La DREAL PDL a saisi le BRGM en décembre 2019 pour la mise en sécurité du chemin de randonnée autour de l’ancien site minier du Bois Vert sur la commune d’Abbaretz.
De janvier 2021 à juin 2021, des travaux de sécurisation ont été entrepris qui visent deux objectifs : tout d’abord, renforcer la sécurité en implantant de nouvelles clôtures et une signalétique qui doivent empêcher les promeneurs d’arpenter l’intérieur du site mais aussi aménager un nouveau chemin pour maintenir la possibilité de randonnée autour du site, en lien avec celui du sommet du terril qui, lui, reste accessible. Cette décision d’aménagement a été prise en concertation avec les acteurs locaux (mairie, communauté de communes et conseil départemental).
Ces travaux ont consisté en la pose d’une couverture de matériaux neutres sur le chemin et d’équipements, de type passerelle en bois, installés sur certains tronçons pour ne pas perturber les circulations préférentielles des eaux à l’extérieur du site.
Pour en savoir plus : Plaquette d'inauguration du chemin de randonnée du site du Bois Vert
Une campagne d’analyses a été réalisée en fin de travaux par le DPSM. Elle a permis de valider l’atteinte de l’objectif qui était de sécuriser et pérenniser l’usage du chemin (teneurs résiduelles en arsenic compatibles avec l’usage).
La pratique du trail, vélo, VTT, BMX, équitation ou tout autre véhicule avec ou sans moteur est désormais interdite sur tout le site |
Des eaux de surfaces impactées qu’il faut traiter
Les études environnementales réalisées sur le site du Bois Vert ont notamment porté sur les écoulements d'eaux acides observés entre les deux terrils (l'un de forme conique et l'autre de forme tabulaire) ainsi qu’à l’ouest du terril conique.
En 2011, la DREAL Pays-de-la-Loire a missionné le DPSM pour la gestion de ces eaux et la mise en place d’un système de traitement passif des eaux.
Ces eaux acides sont issues d’un drainage minier acide. Ce phénomène est observé sur les sites miniers incluant dans le gisement exploité des minéraux contenant du soufre (sulfures). Ces derniers, exposés à l’air et à l’eau suite à l’exploitation, vont s’oxyder et libérer de l’acide sulfurique à l’origine de pH acides et de sulfates mais aussi les éléments minéraux associés aux sulfures (Fe, As, Zn, etc.).
Un traitement de ces eaux doit être mis en place pour limiter l’impact du site sur les cours d’eau environnant.
Dans un premier temps, en 2017, des travaux ont été conduits à l’ouest du site pour séparer les eaux acides issues du terril des eaux du fossé alimenté par le lac de la mine et la pluviométrie. Pour cela un fossé de 470 m a été creusé et un merlon de 210 m mis en place pour séparer les deux types d’eau
Les eaux acides produites au nord du site sont aujourd’hui collectées au niveau d’un point unique.
Avant de mettre en place un dispositif de traitement de ces eaux acides, il faut bien connaitre leurs caractéristiques et les volumes à traiter.
Des prélèvements et analyses chimiques et physico-chimiques sont réalisées régulièrement sur site depuis 2018 sur les eaux de surface afin de connaitre leur qualité et ses variations.
Le site a ainsi été équipé pour mesurer les débits d’eau acide s’écoulant au point de collecte. Cela permet de mieux connaitre les flux d’eau à traiter.
Une étude a été conduite pour déterminer la solution de traitement la plus adaptée au site du Bois Vert aux vues des concentrations des éléments et des débits à traiter et de la conformation du site. A l’issue des essais de traitabilité à l’échelle laboratoire et d’une étude technico-économique des différentes solutions de traitement possibles, la solution envisagée est celle d’un traitement passif par drain calcaire dispersé associé à une aération des eaux et à une décantation.
Ce type de traitement nécessite avant sa mise en place la réalisation d’une phase de test sur site. Ces tests sont actuellement menés au niveau d’un chalet installé à proximité de la lagune.
Pour en savoir plus : Panneau d’explication du pilote
Et les eaux souterraines ?
Au-delà de l’impact du drainage minier acide sur les eaux de surface, se pose également la question de son impact sur les eaux souterraines.
Des études, toujours en cours, visent à mieux comprendre les écoulements des eaux souterraines au niveau et autour du site du Bois Vert.
Une première étude a conduit à mettre en place un premier réseau de surveillance des eaux souterraines autour du site en 2020 qui fait l’objet d’une surveillance semestrielle.
Une étude géophysique par résistivité électrique a également a été réalisée pour essayer d’évaluer les structures des dépôts de résidus, les zones de production du DMA et les mécanismes de transfert vers les eaux souterraines. Cette étude a notamment montré la présence de zones fortement minéralisées dans le sous-sol. Ces dernières peuvent être liées soit à un impact du DMA sur les eaux souterraines soit à la géologie du sous-sol.
Une étude hydrogéologique, sur la base de ces deux études antérieures, a proposé la mise en place d’ouvrages complémentaires de surveillance des eaux souterraines. Aujourd’hui le réseau de surveillance est constitué de 8 ouvrages, six dans les schistes altérés et deux dans les schistes fracturés, permettant de surveiller le milieu eaux souterraines de 0 à 50 m de profondeur.